lundi 30 novembre 2020

Bout du monde

Bout du monde


Elle se compte sur les doigts,
La féerie des jours heureux.
De loin, on l'aperçoit,
La mer basse, haute, ou au milieu.
Le lien est immédiat,
Nous sommes reliées, nous nous parlons.
Ses vagues chuchotent tout bas, 
Et je pense entendre mon nom.
Tout ici est grandeur,
L'océan, le phare, les rochers.
Lorsque coulent mes pleurs,
Ils deviennent ma réalité.
La vie grouille partout,
Je l'observe, l'aime, fascinée, 
Donne vie aux objets,
J'invente un merveilleux passé.
Marguerite, goemonier,
Je t'ai donné ce nom, un jour.
Je te faisais voguer,
Loin du phare, de ma peine, toujours.
L'île venant, devant moi,
Devient refuge à marée haute.
Mes douleurs et ma voix,
Ont tant hurlé sur cette côte.
Solitaire, et perdue,
Je ne fais qu'un sur cette terre. 
Mon tout, mon absolu, 
Je rêve de toi mon Finistère.



samedi 28 novembre 2020

Tour

Tour


Ce château est immense.
Nul ne peut l'approcher.
Il part en tous sens,
Et nul ne peut la trouver.
On la dit bien malade,
Isolée dans sa tour.
Seules les heures de balade,
Lui permettent son amour.
On la maintient en vie,
Grâce à des émotions,
Distillées dans sont lit. 
Elles habitent l'embryon,
Et abattent le lion.
Le procédé demande du temps.
Et notre princesse faiblit.
Je pense ainsi à l'enfant,
Qu'elle fut, pleine de vie.
Vie de vent sans de sens,
Vie d'émotions faisant lie. 
Nous saurons la faire naître,
Sous vous yeux ébahis.
Un enfants pur, poète,
Qui ne poussera aucun cri.
Elle ne sera pas aguerrie,
Pour la vie, dans un pli. 
Elle se tiendra loin d'ici,
Notre princesse, ainsi,
Pourra jouir de sa vie.
Nettoyée du mal, du vil,
Montre moi ta paume ... 
Sa tour est son royaume. 



jeudi 26 novembre 2020

Dieux

Dieux


Je vous recherche en vain,
Je vous prie chaque jour.
Dieux païens ou des saints,
Le silence est bien lourd.
Athéna, Anubis,
Odin et Aphrodite,
Ou peut-être même Achlys,
Tous, je vous sollicite, 
Écoutez mon supplice...
Je vous cherche partout,
Par delà toutes les mers.
Je vous crie à genoux,
Écoutez mes prières.
Je ne vois que silence,
Dans toutes les églises.
J'attends votre défense,
J'attends votre surprise.
Accordez-moi la Grâce,
La foi et l'assurance,
Emplissez cet espace,
Offrez-moi la confiance.
Je veux croire en vous tous,
Même un seul suffirait.
Pour que mes nuits repoussent,
Ce néant qui m'effraie.



Chatons (pour Armelle)

Chatons (pour Armelle) 


Un deux trois, trois p'tits chats...
Me voici bien masquée,
Pour faire du cinéma,
Et ne pas vous choquer.
Mes poésies sont noires,
Dérangent votre combat.
C'est un jeu de miroirs,
Mais parlons des p'tits chats.
Cette comptine charmante,
Parle donc de chatons,
Elle est bien innocente,
Attire votre attention.
Je ne suis pas comique,
J'écris mon désarrois.
Je n'ai pas de public,
Peu importe, c'est ma voix.
Seul m'habite le tragique,
Mais parlons des p'tits chats.
Soyons démagogiques,
Évitons l'embarras.



Noir

Noir


Je ressens la lourdeur,
De mon poids sur le sol.
Il est comme une erreur,
Un faux pas qui désole.
Je me traîne sur la terre,
Lourde, molle, sans répit.
Cherchant, dans la matière, 
Une porte de sortie.
Je trébuche, je tâtonne, 
Je me relève parfois.
Il n'y a plus personne,
Je ne sens plus de joie.
Il arrive pourtant,
Qu'une fenêtre s'ouvre.
On y voit le printemps,
La lumière se découvre.
Mais il faut un instant,
Juste une simple seconde,
Une fraction de présent,
Pour y voir ma tombe.



lundi 23 novembre 2020

Père Noël

Cher Père Noël,


Cette année encore j'ai la chance de savoir que tu passes chez nous.
Je sais que tu ne vas pas partout, et je suis reconnaissante de faire partie de ton trajet.
Je ne sais plus si j'ai été sage.
J'ai fait de mon mieux.
C'est sûrement loin d'être parfait et parfois je m'égards mais j'ai vraiment essayé de faire de mon mieux, pour gagner en sérénité.
Je voudrais faire beaucoup plus pour aider mon prochain, mais la tâche est immense. Alors je fais de mon mieux. Avec moi-même pour commencer, puis mes enfants.
Si j'obtiens une harmonie, je me sens satisfaite du travail accompli. Je sais ainsi que chacun fera de même autour de lui.
Cher Père Noël,
Cette année j'aimerais revoir ma mère.
Je voudrais revoir son regard posé sur moi et sentir sa petite main sur la mienne.
Entendre le son de sa voix.
Juste une fois.
Je ne sais pas si c'est possible, mais puisque j'écris au Père Noël, pourquoi mettre une limite à ma demande ?
Ça me semble cohérent.
Je ne demande que ça. Juste un son de voix, sa main ou son regard. Après, je peux te la rendre, ou même la prêter à d'autres qui, comme moi, ont besoin de la main de leur mère.
Prends soin d'elle en venant, si tu m'offres ce cadeau.
Elle est frileuse et porte souvent une liseuse sur ses épaules le soir. Je mettrai une couverture près du sapin.
Merci.



mercredi 18 novembre 2020

Tes yeux

Tes yeux


Dans les yeux de ma fille,
Je veux que brille le monde.
Que dans chaque pupille,
Palpite chaque seconde.
Dans tes yeux ma chérie,
Je veux revoir le feu,
La vie qui étourdit,
Et le goût du ciel bleu.
Il nous faut dire adieu,
À nos rêves fertiles.
Laisser le merveilleux,
Pour une vie plus hostile.
Ne sois pas si docile,
Et ouvre grand tes yeux.
Tu verras que ton île
Pétille de fabuleux. 
Garde encore, je t'en prie,
Le regard si joyeux. 
Le regard de magie,
Celui des jours heureux.
Dans tes yeux reviendront,
Tes rêves de petite fille.
Ils viendront par millions,
Illuminer ta vie.



vendredi 13 novembre 2020

Vague

Vague


Vous pourriez être beaux,
Brillants, dorés, courbés.
Telle une gorgée d'eau,
Assurant ma sécurité.
Ma couche y est douillette,
Mon bien-être assuré.
Pas de dangers, ni fêtes,
Solitude contrôlée. 
Mais je veux boire la tasse,
Sentir les vagues, couler.
Je veux qu'on me ramasse,
Pour repartir nager.
Je veux de la tempête,
Du vent fort dans les voiles,
Je veux voir la planète,
Que le ciel se dévoile.
Je veux des vagues immenses,
Et la colère des dieux,
Revivre ma naissance,
Et voir le merveilleux.
Il est grand temps de vivre,
Sans barreaux et sans liens.
Je ne suis plus captive,
À voguer près des miens.




lundi 9 novembre 2020

Nuit

Nuit


Au soleil descendant,
Commence la bataille. 
Une lutte du vivant,
Contre un monstre sans faille.
C'est la vie qui s'éteint,
Peu à peu chaque soir.
Le matin semble loin,
Et le soir devient noir.
De mes jambes, le néant,
M'emplit jusque mon âme,
Il n'y a plus de printemps,
Seule la peur me réclame.
Il faut alors lutter,
Pour braver ces heures noires.
Pour ne jamais sombrer,
Dans l'éternel brouillard.
Cette lutte acharnée,
Pour survivre au néant,
Est ainsi répétée,
Chaque soir, au couchant.
Au matin c'est la vie,
Qui triomphe toujours.
Mais je veille chaque nuit,
Pour que vienne le jour. 



dimanche 8 novembre 2020

Effeuillage

Effeuillage


Regardez, je m'effeuille,
Lentement, sans pudeur.
Il suffit d'un coup d'œil,
Vous voilà spectateur.
Ça dérange, indiffère,
Peu importe, je l'avoue.
Ce n'est pas ma première,
Même seule, je joue.
Je me trouve ainsi nue,
Posée là sans un bruit.
Solennelle, dévêtue,
Profitez, c'est gratuit.
Et j'étale mon cœur,
Laissant le superflu,
M'effeuillant à toute heure,
Montrant mon âme perdue. 
Je joue de vos regards,
Sur mes mots, suspendus.
J'essaie de faire de l'art,
De ce moi dévêtu.


jeudi 5 novembre 2020

Démon

Démon 


Mon ami, double peau,
Petite voix dans mon sang, 
Tu me suis dans les flots,
Et jamais ne te rends.
Mon absinthe, ma noirceur,
Tu me tiens à genoux.
Tu m'inspires de la peur,
Je prends goût à tes coups.
Je dois vivre avec toi,
Vulnérable et fragile.
Tu deviens donc mon roi,
Moi, ta reine docile.
J'ai tenté de te fuir,
Une vie toute entière.
Tu as dû me séduire,
Malgré toutes mes prières.
Je dois vivre avec toi,
Ta lourdeur, tes couleurs. 
Distillé tout en moi,
Tu philtres mes bonheurs. 
Mon ami, mon démon,
Nous mourrons enlacés.
Ma plus grande liaison,
Ma triste destiné.