samedi 24 décembre 2022

Commande

Commande

Je suis toute petite,
Je remonte le temps,
Je cherche ma maman,
Au nom dans le granit.

Maman viens je t'en prie,
Tu es partie trop vite,
Maman tu m'es prescrite,
Pour mon bien, pour ma vie.

Je n'étais pas câline,
Et tu n'étais pas douce,
Deux aimants qui se poussent,
Piquantes aubépines.

La lumière sous ma porte,
Et les bruits du salon,
Ta voix dans la maison,
Plus rien ne réconforte.

Ma maman si fragile,
Je t'ai connue si tard,
C'était déjà le soir,
De ta vie sur un fil.

Maman viens, je t'en prie,
Me border dans mon lit,
Me dire que c'est la vie,
D'avoir peur de la nuit.

Ma maman imparfaite,
Je veux entendre encore,
Tes bracelets en or,
Son de toi si secrète.

Je vais t'imaginer,
Rire, jouer et trop boire,
Noyant ta peur du soir, 
Dans la pièce à côté.

Ma maman si fragile,
Je voudrais te porter,
Je voudrais t'effleurer,
T'emmener en exil.

Je voudrais te garder,
Pour moi, petite enfant,
Alors, petite maman,
Reviens-moi s'il te plaît.

22/12/2022

Bal masqué

Bal masqué

Mes paupières se ferment,
Je n'entends plus le bruit,
Des gens qui s'éparpillent,
Sans boussole ni lanterne.

Et ça grouille, et ça court,
L'air sérieux, énervé,
De cette fin d'année,
De ce compte à rebours.

Puis ne rien oublier,
De tout ce rituel,
De ces mets éternels,
Qui feront le buffet.

En coulisse j'entends,
Les règlements de comptes,
La colère et la honte,
De certains de ces gens.

Cette lourde exigence,
De retrouver les siens,
Ceux qu'on aime de loin,
Perd alors sa substance.

À la grande tablée,
Chacun joue de son rôle,
En gardant le contrôle,
De ses rancoeurs cachée.

Mes paupières se ferment,
Je n'entends plus le bruit,
De toute ma famille,
Disparue du poème.

Alors je me souviens,
De tous ces fruits de mer,
Du gibier de grand-père,
Et moi qui n'aimais rien.

Oncles, tantes et cousins,
Si joyeux en ce temps,
Faisaient tomber l'écran, 
Après un peu de vin.

Mascarade imposée,
Profitez de l'instant,
Profitez des parents,
Et non du bal masqué.

23/12/2022

L'éthique de l'étiquette

L'Éthique de l'étiquette
(peut heurter les âmes sensibles. Sexualité, violences et tsa)

Il était une fois, une petite fille.
Cette petite fille apprend le monde en l'observant, entourée d'une famille où les hommes sont des demi-dieux. Même bébé, une petite fille apprend très vite à séduire.
Puis cette fillette grandit, cahin-caha, en carence de tendresse, d'affection, ou même en carence de sécurité.
Alors elle copie le monde qu'elle a perçu.
Il y a une façon simple d'avoir une impression de tendresse, c'est encore en séduisant. En embrassant, langoureusement, à pleine bouche pour faire monter le désir chez cet autre qui va pouvoir donner accès à ces gestes tendres quand il sera béat, face à une femme prête à tout pour lui plaire.
Une caresse sur la tête me suffira. J'aurais au moins l'impression d'être aimée quelques secondes, ou minutes, tout au plus.
Alors pour construire ma vie, il fallait être deux. C'est comme ça. L'éducation, l'éducation, l'éducation...
Sans un homme je ne suis rien. Un néant angoissant.
Alors je cherche. C'est tellement facile. Séduction, discussions, faire monter le désir en laissant croire qu'on aime cela.
C'est d'une simplicité enfantine (oui, j'ose cette expression, car du jour de votre naissance à l'âge adulte le principe est le même) !
Un homme semble gentil, pourrait réparer tout ce qui a de cassé chez moi. Alors on y va !
Je connais mon rôle.
Baisers qui excitents, caresses qui excitents et qui laissent penser que j'adore ce jeu...
Une main pousse ma tête gentiment vers le bas, alors j'exécute. Cet homme aura sa fellation, et il arrivera même à penser que c'est moi qui la voulais.
Écœurant, je retiens des hauts de cœur, mais en souriant. Au moins il me caresse la tête.
Choquant ?
Mais non, c'est la vie, c'était la mienne, et combien êtes-vous à comprendre mon écrit ?

Cette histoire ne fonctionne pas, on en essaiera une autre ! Et cet homme encore inconnu aura droit aux mêmes faveurs.
Je suis à disposition, libre-service.
Je me fais payer en simulacre de tendresse.
Une caresse sur les cheveux pour une fellation, un mirage d'étincelles d'amour dans les yeux pour une sodomisation.
Un nettoyage tendre au gant de toilette par l'être idéalisé pour une éjaculation sur le visage.
Je pourrais continuer cette liste.

Voilà ce que je comprenais du monde, avant. Je pensais que toutes les femmes étaient ainsi. Et j'ai vu que tous les hommes étaient de même.
Je n'ai fait que copier ce que j'observais du monde à travers la famille, notre société, nos médias.
J'ai été une bonne maîtresse, une bonne compagne, une bonne épouse... 

Voilà le récit d'un aspect de la vie d'une femme, avant son diagnostic de TSA (trouble du spectre autistique).
Alors, à tous les soignants, j'ai envie de hurler que vous n'avez pas le droit de refuser une étiquette.
Combien de décennies de violences subies, infligées pour vous crier ma souffrance.
Tout ce que j'ai fait me répugnait. Je me suis infligée tellement de coups...
Et combien de viols j'ai supportés pensant que c'était normal ? Des images resteront à jamais dans ma mémoire, des odeurs, des postures.
Cachez donc ce pénis que je ne saurais voir.... Ranger votre arme !

Aujourd'hui je me demande combien de femmes vivent encore cela car personne ne les diagnostiques. Ni un généraliste, ni un psychiatre ! Pour ne pas les stigmatiser... L'étiquette ci, l'étiquette ça...
Que vous faut-il de plus pour comprendre l'importance ? Du sang? Des hématomes?
Ils sont là, partout à l'intérieur ! 

Heureusement que j'ai pu obtenir ce diagnostic tardif. Très tardif. Mais il m'a permis au moins de me connaître, de m'aimer et d'avoir un regard indulgent sur moi-même.
Puis surtout, il m'a permis de ne plus jouer de rôle, de ne plus me mentir.
Je suis.
Qu'on m'apprécie, ou pas, je suis.
Si un homme doit m'approcher trop vite, je fuis. Et je m'autorise ce non.
Aussi fragile qu'un oiseau blessé, ou que n'importe quel animal maltraité, il s'agit de prendre soin de moi.
Ainsi donc est né mon jeu de l'image ! Vous voulez laquelle ?
Barbie, la sexy, la guerrière, la provocante, la dénudée, l'intello, je suis ici, celle que vous voulez

Mais aussi longtemps que je vivrai, je me battrai pour que les petites filles et les femmes soient diagnostiquées le plus tôt possible.
Peu importent les étiquettes !

 22/12/2022

La terre et la voie lactée

La terre et la voie lactée

Mbappe est-il gay ?
Neigera-t-il demain ?
La France sur le terrain,
Va-t-elle créer la fête ?

Ces questions importantes,
Sont sujets du moment,
Tout ça en armant,
Des contrées contrariantes. 

Je les verrai courir,
Comme tant de millions,
Vers un simple ballon,
Qui pourrait tant nourrir.

Drôle de monde ce jour,
Et la mort continue,
Et les guerres continuent,
La famine continue,
Tout le monde continue,
À ignorer la terre,
Sa souffrance de Mère,
Et le foot continue,
Anesthésiant l'humain,
Contre cette hécatombe.

Chers humains de la Terre,
Ceux que le grand froid tuent,
Ceux qui manquent d'eau,
Ceux qui manquent de tout,
Ceux qui vivent sous les bombes,
Ceux qui crient et qui souffrent,
Ceux qui meurent de faim,
Ceux qui meurent tout cours,
Ceux qui se positionnent,
Contre les violations,
Ce jour nous voulons simplement,
Simplement le silence,
Ou bien des cris de joie ! 

Vous ne connaissez rien,
Aux choses sérieuses de la vie,
Amusez-vous, soyons unis,
Dans cet outrage Humains.

Pauvre Terre, pardonnez,
Toute cette absurdité,
Ces terriens insensés,
Jouent leur perte, et la mienne, et celle de mes enfants, et de tant d' autres, frères, sœurs, cousins, tant d'espèces, tant de vie.

 La Terre pleurera, 
Inaudible, stérile, 
Face aux buts très habiles,
De joueurs sous contrat.

Et les pleurs étouffés,
De notre hôte fébrile,
Traces indélébiles, 
Marquent la voie lactée.

18/12/2022

Materner

Materner

Il est des jours, et bien des soirs,
Où mon corps vide aimerait pencher,
Pencher vers lui, me laisser choir,
Poser ma tête sur mon berger.

Je suis si seule en mes pensées,
Je voudrais être transportée,
Riant, vivant, et le chanter,
Tenant sa main et me confier.

Le poids est lourd, et je suis seule,
À faire des choix, à décider,
Je voudrais bien qu'on me recueille, 
Qu'on me protège pour m'alléger.

04/12/2022

Nuit

Nuit

Il est bientôt quatre heures,
Je ne dors pas encore,
J'ai trouvé un trésor,
Sans angoisse ni peur.

Il n'y eut aucun bruit, 
Et mon fils dormait bien,
J'ai suivi mon instinct,
En glissant dans la nuit.

La porte grande ouverte,
Et dans l'herbe, les pieds nus,
Je touchai l'absolu,
Dans cette rosée verte.

Sous les astres sacrés,
Entourée de silence,
Je mesurai ma chance,
De cette grâce donnée.

Ainsi le cœur empli,
De paix et de confiance,
Je pus avec aisance,
M'endormir dans mon lit.

31/03/2021