samedi 31 octobre 2020

Eau de mer

Eau de mer


La mer m'appelle,
La mer me manque.
La mer me crie,
J'écris la mère...
Ne pouvant être près d'elle,
Je fait tout mon possible,
Pour que me semble belle,
Cette eau inaccessible.
Berceau de mon enfance,
Vivant de tes marées,
Bercée de ta puissance,
Violence sur les rochers.
Tu effraies, tu attires,
Ton pouvoir hypnotise,
Sirène des navires,
Je suis moi-même éprise.
Exilée, bien trop loin,
Coule en moi, je t'en prie,
Guéris moi de tes soins,
Laisse ton eau qui agit.
L'eau salée se propage,
Je retrouve mon éclat.
Merci, je n'ai plus d'âge.
Mais je meurs dans tes bras.


lundi 26 octobre 2020

Voilage

Voilage


Toi, la femme voilée,
Montrée du doigt, jugée.
Vous, les femmes voilées,
Condamnées sans procès.
Voiles noirs, ou colorés,
D'hiver, ou de l'été,
Mais toujours bien portés,
Pour des raisons gardées.
Je parle ici pour toi,
Mon amie, mon alliée,
Pour que courbent les doigts,
Sur ton voile, pointés.
Les yeux baissés,
Ou révoltés,
Qui peut oser,
Te fustiger ?
Toi mon amie, ma sœur sur terre,
Tu es si belle, même sans tissu.
Et s'il le faut, j'irai en mer,
Toute habillée, comme toi, vêtue.
Comme tu es belle, dans tes drapés.
Et tes épingles, ainsi posées.
Madone des uns, coupable voilée,
Victime de haine de l'étranger.
Sache que je t'aime telle que tu es,
Et que jamais je ne voudrai,
Te retirer aucun apprêt,
Qui te rend riche de tes secrets.
Mes bras ouverts sont là pour toi,
Pour ta culture et ton histoire.
Tu le ferais ainsi pour moi,
C'est notre force, notre victoire.



dimanche 25 octobre 2020

Traitement

Traitement


J'écris pour m'endormir,
Le sommeil ne vient pas.
Pourtant j'essaie de fuir,
À travers des sons bas.
Je m'hypnotise, médite,
Mais le problème est là.
Ma tête est sans limites,
Alors que mon corps est las...
Peut-être qu'en pensant
L'infini, permanent, 
Ça calmerait sûrement
Mes angoisses d'enfant.
Prenons plutôt une fleur
Un noisetier, immense,
L'aurore naît en douceur,
Et le temps est si dense.
Un rai de lumière blanche,
Et les yeux qui nous brûlent.
Matinée de dimanche,
Ou fin de crépuscule ?
Le temps n'a plus sa loi,
Puisque nous sommes vivants.
Profitons de l'éclat,
Ne pensons qu'à l'instant.
Mon programme, ainsi fait,
Je peux alors dormir.
Demain sera parfait,
De soleil et de rires.



vendredi 23 octobre 2020

Le divin

Le divin


Pourquoi tout ce chahut ?
Y-a-t-il eu des morts ?
Faites-moi un compte-rendu,
Sur le bruit de ces corps.
Encore un attentat,
Une guerre infinie.
Ici, pas de repas,
Et là, la maladie.
Où sont donc les vivants ?
Les joyeux, cœur battant ?
Où sont donc ces enfants,
Au grand cœur palpitant ?
Créez une grande armée,
De grands sages, de poètes.
Combattez poings liés,
Pour que cesse la tempête.
Ce monde est insensé,
Nous vivons peur au ventre.
De voir nos vies brisées,
Comme des cailles qu'on éventre.
Je veux pouvoir penser,
Parler sans peur, et rire.
Voir la marée monter,
Sans avoir peur du pire.
Si ce monde n'est plus,
Je construirai le mien.
Car je suis convaincue.
Que j'y serai très bien. 




jeudi 22 octobre 2020

Indifférence

Indifférence 


Pendant que le monde crie
Un hérisson se meurt.
Qui se soucie de lui,
Au milieu de l'horreur.
Chaque nuit il venait,
Pour trouver sa pitance,
Mais ma chienne excitée,
N'a laissé aucune chance.
Pauvre jeune petite bête,
Née au dernier printemps.
Ton armure imparfaite,
Est devenue rouge-sang.
Pourtant, il y a peu,
Je t'ai sauvé à temps.
Tu as ouvert les yeux,
Tu étais bien vivant.
Qui te pleure aujourd'hui,
Petit être fragile.
Une vie est partie,
De ce monde trop hostile.


mardi 20 octobre 2020

La filitude

La filitude


Je marche sur un fil.
Bien tendu, et bien droit.
Je vole vers une île,
Sans offense et sans roi.
Corde épaisse, fil de soie,
Trop visible, invisible,
En tous temps un soldat,
Reste alors inflexible.
Mais je ne suis qu'un être,
Ni soldat, ni léger.
Je m'exerce à connaître,
Chaque pas de liberté.
Pour cela il me faut,
Regard clos, mains liées,
Avancer vers les flots,
Guidée vers le plus beau.
Et j'entends les soldats,
Appuyant de leurs pas.
En chantant en patois,
Dépendant de leur roi. 
Je fis ma traversée,
Failli tomber souvent.
La soie, ma préférée,
Me berçait lentement.
Un moment je voulu,
Voir l'intrigue des côtés.
Des appels des élus,
Des rejets des portraits.
Si je penche trop à gauche,
Me voici envoyée,
Dans la sombre poésie 
De moi-même en ébauche.
Si je penche trop à droite,
Je vois très biens d'ici,
Toutes ces folies,
Bien rangées, maladroites.
Il est donc si facile,
De tomber de côté,
Une seconde sans le fil,
Me voici folle à lier.
Parfois j'avoue, j'éprouve,
Ce besoin insatiable,
J'ai besoin qu'on me prouve,
Que ces êtres sont malades. 
Je vais donc tenir bon,
Pour atteindre mon île.
Île de vie, création.
Créative, sans péril.
Et quand la nuit tombera,
Je me joindrai aux fous,
Pour chanter l'opéra,
Et écrire mon dégoût. 



Entière

Entière


Lorsque la lune est pleine,
Et que le silence règne,
Palpitent alors mes veines,
Tandis que mes mains saignent.
De quel sang s'agit-il ?
Qu'ai-je donc ainsi fait ?
Condamnée à l'exil,
Sans discours ni procès.
Me voici aveuglée,
Par autant de noirceur.
Regardant hébétée,
Les fissures de mon cœur.
Je me trouve morcelée,
Errant, sous les étoiles.
Avec, pour seule allié,
Le vent d'ouest dans les voiles.
Fût un temps, j'étais belle,
Fille de l'eau, de la terre.
Je rêvais de mes ailes,
J'étais pleine et entière.



samedi 3 octobre 2020

Héritage

Héritage


C'est un message du cœur,
Brûlant et palpitant,
Que j'envoie sans rancœur,
Pour combattre le temps.
Voici mon héritage,
Pour toi mon petit frère. 
Je pose sur cette page,
Mon amour sur ta guerre.
Le temps a défilé,
Dans nos vies chaotiques.
Il nous a éloigné;
Fi de la génétique !
Je ne te connais plus,
Ni toi, ni tes petits.
Je t'ai, un jour, perdu,
Sans comprendre le bruit.
Nous sommes si différents,
J'ai poursuivi, meurtrie,
De t'aimer comme avant,
Avant l'âge et la vie.
Je suis pour toi mystère,
Comment puis-je t'en vouloir ?
Toujours perdue sur terre,
En quête d'un miroir.
J'ai fait ma connaissance,
Il y a peu, c'est vrai.
Je connais mon essence,
Mes quêtes et mon portrait.
Tu restes donc muet,
Face à cet être étrange.
Je te semble sans accès,
Singulière, je dérange.
Je suis ta grande sœur,
À ce titre je te laisse,
Le plus lourd de mon cœur,
Mon amour, ma tendresse.
Nous sommes deux artistes,
Fuyant notre passé.
La vie serait trop triste,
Sans art pour s'échapper.
Petit frère tant aimé,
Loin d'ici, loin de tout,
Peu importent tes pensées,
Je te lègue ce bijou.
Cet amour de mère,
Bien au-delà de tout,
De moi, première née,
À toi, mon petit frère.
Je te sais si fragile,
Si sensible et anxieux.
Et tu marches sur un fil,
Pour être un peu heureux.
Tu porteras toujours,
Que tu le veuilles ou pas,
Ce bagage d'amour,
Héritage de combats.
Vas et vole mon grand frère,
Le bonheur est précieux.
Mais saches que, de cette terre,
Je t'aimerai jusqu'aux cieux.