Nuit

Nuit

Il est bientôt quatre heures,

Je ne dors pas encore,

J'ai trouvé un trésor,

Sans angoisse ni peur.

Il n'y eut aucun bruit, 

Et mon fils dormait bien,

J'ai suivi mon instinct,

En glissant dans la nuit.

La porte grande ouverte,

Et dans l'herbe, les pieds nus,

Je touchai l'absolu,

Dans cette rosée verte.

Sous les astres sacrés,

Entourée de silence,

Je mesurai ma chance,

De cette grâce donnée.

Ainsi le cœur empli,

De paix et de confiance,

Je pus avec aisance,

M'endormir dans mon lit.

Pleine lune

Pleine lune

La lune est pleine, je ne dors pas,

Déjà trois heures, laissons filer,

Ce temps perdu, dans mes pensées,

De solitude, et de faux pas.

Un jour un prince viendra de loin,

Sera comme moi, abîmé,

Dans un château, juste à côté,

Et rêvera notre destin.

Il parlera, sans s'arrêter,

Et m'aimera, à en mourir,

Il souffrira mes pleurs, et rires,

Respectera l'intimité.

Discrètement, par la serrure,

Il apprendra mes habitudes,

Saura avec exactitude,

Tout le détail, sur mes blessures.

La lune est pleine, et je suis prête,

Rejoignez-moi, si vous pouvez,

Vite, parcourez les contrées,

Et acceptez notre défaite. 

Même si c'est faux, si je rêve,

Je prends tous les conseils,

Toutes les adresses et les mails,

Afin que mon cœur se soulève.

Dehors

Dehors

Je vous entends, à l'extérieur.

J'entends jouer, et discuter,

Les chiens courent et sont éduqués,

Des liens se tissent, parmi les fleurs.

J'entends ces discutions de loin,

La vie s'agite, et fait du bruit,

Les arbres gitent , des enfants crient, 

Je suis chez moi, et je suis bien.

Mon sanctuaire, mon bel asile,

Mes rituels et mon silence,

Mon univers de différences,

Je suis chez moi, seule sur mon île.

Je suis si bien, sur mon îlot,

Laissons-moi là, bien à distance,

Laissons-moi être, dans la confiance,

Devenir reine, de mon château.

Inconnus

Inconnus

Ce soir je pense à vous,

Mes lecteurs inconnus,

Vous êtes suspendus,

À tous mes rendez-vous.

Mon âme dévoilée,

Ma vie décortiquée,

Mon ventre disséqué, 

Mes maux entremêlés.

Cela est moi, et vous,

Ça vous serre le cœur,

Attise vos douleurs,

Ou rend vos jours plus doux.

Ce soir, je pense à vous,

Je vous prête mes mots,

Je vous fais ce cadeau,

Pour calmer vos remous.

Prenons la mer ensemble,

Navigons sous le vent,

Vogons sur l'océan,

Les tempêtes rassemblent.

Et lors de notre route,

Festoyons et chantons,

Soyons ivres et prions,

Qu'on gagne notre coupe !

Le chemin sera long,

Et je ne promets rien,

Mais dans le vent malin,

Nous serons Création.

Nous prendrons notre place,

Dans cette vie hostile,

Et trouverons une île,

Pour poser nos angoisses.

Lit

Lit

Nous étions tous les deux,

Comme chaque semaine,

Lovés à l'oedipienne,

Toi et moi, bien heureux.

Dans mon lit bien trop grand,

Nous jouons et rions,

Peu importe la raison,

Tu es mon jeune enfant.

Ce lit, mon tout petit,

Est notre sanctuaire,

Peu importe nos pairs,

Nous vivons notre vie.

Pour des câlins immenses,

Ou devant un écran,

L'essentiel mon enfant,

Est dans notre innocence.

Parfois salon de thé,

Au temps des confidences,

C'est un lieu de confiance,

Et de sécurité.

C'est aussi mon bureau,

Où j'aime convoquer,

Tes sœurs, ton frère, au gré,

Des soucis et des maux.

Ce lit garde secret,

Des rires et des larmes,

Des échanges qui désarment,

Des pardons par milliers.

Merci mon grand garçon,

Pour ce moment de grâce,

Pour avoir pris ta place,

Dans cette tradition.

Dérive

Dérive

Pauvre bateau sans âme,

Je suis à la dérive,

Aucune perspective,

Il faut sortir les rames.

Je me perds et prends l'eau,

Venez me secourir,

Je sens la fin venir,

Et je hisse mon drapeau.

Je ne suis qu'un voilier,

Qui voguait sur les flots,

Juste un simple bateau,

Qui a trop guerroyé.

Je suis trop loin des côtes,

Pour espérer de l'aide,

Et plus aucun remède,

Me sauvera des eaux.

Pardon mes matelots,

De vous laisser ainsi,

Mais vivez votre vie,

Sur un plus beau cargo.

Ainsi à marée basse,

Vous verrez mon histoire,

Laissée là sans espoir,

Sans avenir et bien las.

Fermeture

Fermeture

J'ai oublié mon âge,

J'ai bouché mes oreilles,

Pour bien fuir le soleil, 

Et tous les bavardages.

Apprenez-moi la vie,

Celle qui faut, celle qui plaît,

Afin que plus jamais,

Je sois seule dans ma nuit.

Je ne fais aucun bruit,

Mais au fond de mes yeux,

Tout est si nébuleux,

Je n'entends que des cris.

Le cri de l'enfant né,

Arraché à un ventre,

On maltraite et on centre,

Pour tout normaliser.

Ce cri originel,

M'habite chaque instant,

Pourquoi rendre vivant,

Ce qui est irréel ?

On devrait faire cesser,

Cette détresse immonde,

Afin de mettre au monde,

Un enfant bien formé.

Puisque je ne le puis,

Que tout parle pour moi,

Je supprime toute loi,

Pour hurler ma folie.

Tempêtes, pluies et vents,

La nature s'enflamme,

Pour décrire de mon âme,

En feu depuis longtemps. 

Puisqu'il m'est impossible,

De montrer ma détresse,

Je me sacre déesse,

Pour me rendre accessible.

Hommage

Hommage

Vos enfants sont partis,

Et je n'ai plus de mère.

Malgré nos caractères,

Nous sommes ainsi unies.

Il y eût la longère,

Et tous ces souvenirs.

Lieu de drame, de soupirs,

Plus de père, ni de mère.

Je me suis trouvée là,

Posée dans votre vie,

Sans avoir votre avis,

À marcher dans vos pas.

Il y eût des conflits,

Des tempêtes infernales.

Notre lien mis à mal,

S'en est toujours sorti.

Je ne vois pas la femme,

De quatre-vingt cinq ans,

Mais bel et bien l'enfant,

Se cachant sous les flammes.

Petite fille meurtrie,

Par la guerre et la vie,

J'apporte ma poésie,

Dans ta vie d'interdits.

Acceptez donc ma main,

Comme je prends la vôtre,

Et ces marches bien hautes, 

Seront faciles demain.

Je prends tous vos conseils,

Vous avez mille talents.

En échange je vous tends,

Un bel amour qui veille.

Tempête florale

Tempête florale

L'hiver touche à sa fin,

Et la nature s'éveille;

Après un long sommeil,

Me réveillent les embruns.

Mon cœur est en alerte,

Et frétille de joie,

Je touche enfin du doigt,

La nature bleue, offerte.

Parmi les nénuphars,

Et son eau de l'hiver,

Renaît ainsi la mer,

Et les fleurs de l'espoir.

Beaux cerisiers fleuris,

Mêlez-vous à la fête,

Et laissez les poètes,

Louer ainsi la vie.

Peinture acrylique/huile Laorens Art.