lundi 8 août 2022

Les chaussons de Jeanne

Les chaussons de Jeanne

Je voudrais m'y trouver,
Marcher jusqu'à la pointe,
Regarder mes empreintes, 
Sentir l'air idoé.

Sur le sable mouillé,
Mes pas ne sont qu'un temps,
Ils ne sont qu'un instant,
Une époque oubliée.

Et si je retournais,
Là où sont mes pensées,
Après autant d'années,
Verrais-je encor la baie ?

Bien sûr il manquerait,
Les sabots et les coiffes,
Goëmoniers, marées basses,
Un tableau incomplet.

Il manquerait le bruit,
De mon cœur chahutant,
Qui battait, rassurant,
Aux bruits de la famille.

De la table qui se met,
Des coques abondantes, 
Et l'odeur écœurante,
Du poisson qu'on vidait.

Les parents sur le banc,
Le feu de cheminée,
Pourtant en plein été,
Jouant aux cartes, riants.

Petite maison rouge,
Où Jeanne, chaque année,
Nous mesurait les pieds,
En buvant du vin rouge.

Puis elle nous tricotait,
Avec ses mains fripées,
Sur son vieux tablier, 
Des chaussons vraiment laids.

Ainsi passait l'été,
Dans le nord Finistère,
Là où les gens d'hier,
Vivaient de l'eau salée.

Nous fêtions Saint Jean,
Sainte Anne, et le quinze août,
Après quoi c'était tout,
Nous partions pour un an.

Et à notre départ,
Nous laissions les marées,
Crier leur liberté,
Accompagnées du phare. 

Et si je retournais,
Dans ces lieux tant aimés,
Je verrais les rochers,
Seuls vestiges de ma paix.

08/08/2022

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