mardi 2 août 2022

Égoïste

Égoïste

Tu as pris tout ton temps,
Une année pour dix ans,
Dix fois vingt-sept ans,
T'étais vieux final'ment.

T'avais l'droit d'plus souffrir,
T'avais bien l'droit de partir,
T'étais déjà si fier,
De ces deux centenaires...

Mais moi j'suis là maint'nant,
À pleurer ton absence,
À pleurer ton départ,
À pleurer mon néant.

Pourquoi j'ai pas eu l'temps,
De te dire merci,
Mon ami d'infini,
Mon cérébral amant.

Nous étions bien perchés,
Tout à notre folie,
Nos pensées de génies,
Nous étions liés.

Puis ce goût d'être seuls,
Nous le partagions,
Nous revendiquions,
Jusque dans le linceul.

Mon ange aux cheveux noirs,
Mon pianiste rêveur,
Âme belle, âme sœur,
T'as marqué mon histoire.

Babeth te pleure aussi,
Et on parle de toi;
On est gravées de toi,
Et parfois on sourit.

J'espère te trouver un jour,
Dans un laboratoire,
On parlera du noir,
Du noir qui fait nos peurs,
De la vie qui nous meurt,
On parlera de mort,
D'explorations, de quête et de fouille

Du fond et de nos corps.
On écrira un livre,
Et on tent'ra d'survivre,
Aux yeux mous, au dégoût,
De l'absurde et aux coups.

Ce soir j'suis égoïste,
Ça fait mal à crever;
T'aurais quand même pu penser,
À nous qu'tu laisses hors piste.

Privée de ton départ,
J'ai pas pu t'dire au'voir,
J'ai pas pu veiller tard,
Ton corps, ton visage, tout le soir, et le jour, et le soir, et encore un jour, un soir... 

Alors j'préfère penser,
Que ce n'est qu'un bobard,
Mauvaise blague de ta part,
Un truc d'illuminé,
Une stupidité,
Un truc d'aliéné,
Et qu'tu vas m'appeler,
Peut-être demain,
Et qu'ça te f'ra marrer.

24/06/2022

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